Atelier technique de HHA sur le choléra le choléra en Afrique de l’Ouest et du Centre
Les pays participants souhaitent un appui pour des études épidémiologiques et socio-anthropologiques, des stratégies multisectorielles et des plateformes transfrontalières
Selon l’OMS, en 2012, dans 16 des 24 pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre qui ont connu des épidémies de choléra, le nombre de cas enregistrés s'élevaient à 88 229. Même si le nombre de cas de 2012 était inférieur à celui de 2011, le nombre de cas enregistré a dépassé les 1000 par semaine dans certaines localités avec une propagation au-delà des frontières nationales. Le nombre de décès enregistrés s'élevait à 1592 cas avec un taux moyen de létalité de 1,8% variant de 0,9% à 4,5% plus, au niveau national.
Pour faire face à cette situation d’épidémies récurrentes de choléra qui posent de sérieux problèmes aux pays africains, il convient de renforcer les capacités aux niveaux national, infranational, communautaire et transfrontalier en s'appuyant sur les politiques de santé, les stratégies et plans nationaux comme la plate-forme pour le leadership gouvernemental et la coordination entre les différents partenaires pour le dialogue politique dans le cadre de la lutte contre le choléra.
C’est dans cette perspective que Harmonization for Health in Africa (HHA) a organisé du 2 au 4 octobre 2013 à Dakar un Atelier technique sur le choléra en Afrique de l’Ouest et du Centre, avec comme principaux points à l’ordre du jour l’échange d'expériences, la coordination et la planification stratégique. L’atelier s’inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre du plan d’action 2013-2015 qui est un des principaux instruments qui guident l’action de HHA au niveau pays et au niveau régional et de l’application des orientations de la lettre conjointe signée en octobre 2012 à Nairobi par les Directeurs régionaux des institutions membres de HHA.
Ont participé à la rencontre, des décideurs politiques, des responsables nationaux de la prévention et du contrôle des maladies, de l’hygiène et de l’assainissement de 14 pays : Cote d’ivoire, Burkina Faso, Bénin, Guinée, Guinée Bissau, Liberia, Mali, Sierra Leone, Nigeria, Niger, Cameroun, Tchad, et Sénégal, d’institutions de recherche, de Fondations ainsi que des experts des Bureaux régionaux de l’OMS, de l’UNICEF et du Bureau d’appui inter pays de l’OMS de Ouagadougou.
Les objectifs de l’atelier technique sur le choléra étaient : définir les approches stratégiques pour intégrer le choléra dans les systèmes de santé et les programmes de développement dans les zones à haut risque, identifier les rôles et responsabilités des différents partenaires pour la prévention et le contrôle du choléra, les mécanismes et actions de coordination prioritaires pour la mise en oeuvre des activités aux niveaux nationaux et transfrontaliers, adopter une déclaration commune avec une orientation stratégique et des actions.
Ouvrant l’atelier au nom du Ministre de la Santé et de l’Action sociale, le Dr Ibrahima Oumar Bâ, Chef de la Division Surveillance et riposte, a remercié HHA pour l’organisation de l’atelier dont les recommandations permettront d’assurer une riposte plus rapide et efficace à l’apparition de cas de choléra grâce à des systèmes nationaux de surveillance plus sensible.
Quant au Dr Manuel Fontaine, Directeur régional de l’UNICFE pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, il a exhorté les participants à être ambitieux, concret et à faire preuve d’imagination dans la recherche de voies et moyens de prévenir et combattre le choléra.
En clôturant l’atelier, au nom de HHA, le Représentant de l’OMS au Sénégal, le Dr Alimata Jeanne Diarra-Nama, a souligné la qualité des présentations, des discussions et des contributions qui ont permis d’atteindre les résultats escomptés.
Le Dr Diarra-Nama a rappelé que ces dernières années la communauté internationale s’est énormément investie dans la prévention et le contrôle des épidémies de choléra, notamment avec la Déclaration conjointe UNICEF- OMS de Dakar en 2008, la Déclaration d'Abuja, la résolution WHA 64 de l’Assemblée Mondiale de la santé, toutes ciblant le renforcement du système de santé, la coordination inter sectorielle et les aspects transfrontaliers. Pour la mise en oeuvre effective de ces recommandations, le Représentant de l’OMS a encouragé les pays à élaborer une feuille de route réaliste et réalisable sur la base des recommandations. Elle a assuré les participants de l’appui de HHA pour renforcer le système de santé afin d’atteindre des résultats qui auront un impact sur l’atteinte des OMD.
Les participants ont suivi plusieurs communications et effectué des travaux de groupe destinés à approfondir la réflexion.
Dans sa communication sur HHA, le Dr Alice Soumaré du Secrétariat de HHA à l’OMS AFRO, a expliqué les objectifs et fonctionnement de ce Mécanisme régional opérationnel de coordination de l’action des partenaires bi et multilatéraux qui en sont membres.
Créé en 2006 pour fournir aux pays de la Région africaine un appui technique concerté et coordonné en vue d’accélérer l’atteinte des OMD santé, HHA exprime la volonté des PTF de traduire en actions la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide.
De 6 en 2006, les institutions membres de HHA sont au nombre de 14 en 2013 (4 Partenaires bi-latéraux : France, JICA, NORAD and USAID, 7 Partenaires multilatéraux : BAD, Banque Mondiale, OMS, ONUSIDA, UNFPA, UNICEF, ONUFemmes, 3 Initiatives globales : Fond Mondial, Global Health Workforce Alliance (GHWA) and Partnership for Maternal, Newborn and Child Health (PMNCH).
Expliquant les liens entre le choléra, le système de santé et HHA, le Dr Mawuli Adzodo, de IST/Ouaga a mis l’accent sur la nécessité d’inscrire les plans stratégiques nationaux de lutte contre le choléra dans le cadre de la mise du Plan national de développement sanitaire, des Programmes de coopération avec les pays, du respect des engagements internationaux, notamment la Déclaration de Paris sur l’efficacité de l’aide, sur l’alignement aux priorités nationales et l’harmonisation entre les partenaires et les Déclarations de Libreville, de Tunis, de Ouagadougou et d’Alger.
Le Dr Adzodo a ensuite livré des messages-clés portant sur l’intégration de la Santé dans toutes les politiques, la prestation de services intégrés centrés sur la personne, la couverture maladie universelle, le leadership et la gouvernance, l’approche systémique et la coordination.
En ce qui concerne les prochaines étapes, le Dr Adzodo a annoncé l’adoption d’une plateforme HHA unique et harmonisée de mise en oeuvre de la Réforme « Santé dans toutes les Politiques Sectorielles », l’élaboration d’un Plan sous régional HHA de lutte intégrée contre la maladie, y compris l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement en Afrique de l’Ouest et du Centre, la création d’un Réseau sous régional de lutte intégrée contre la maladie, l’eau et l’assainissement, doté d’un site web destiné à favoriser l’échange d’expériences sur les bonnes pratiques, la mobilisation de ressources humaines et financières nécessaires à la mise en oeuvre de la feuille de route de lutte intégrée contre la maladie, l’approvisionnement en potable et l’assainissement qui sera développé par HHA.
Quelques-unes des actions entreprises par l’OMS et les défis à relever
Les actions déjà entreprises par l’OMS et les défis à relever ont été présentés par Dr Sebastiao Nkunku, au nom du Dr Adama Berthé, de l’IST/Ouaga empêché. Entre autres actions menées, il y a la révision du Guide de surveillance intégrée des maladies et réponse (SIMR), l’appui à l’évaluation des capacités essentielles des Etats Membres pour la mise en oeuvre du Règlement Sanitaire International (RSI), la mise en place des réseaux de laboratoire au niveau sous régional et régional.
Il s’y ajoute la création récente du Fonds africain pour la lutte contre les épidémies en collaboration avec les Etats Membres, la mise en place d’un Groupe International de Coordination pour l’approvisionnement en médicaments et vaccins et l’organisation des réunions transfrontalières entre les pays sur le renforcement de la surveillance et la réponse aux épidémies.
L’élaboration des plans de préparation et de réponse aux maladies prioritaires, le renforcement des capacités de confirmation des cas au laboratoire et de surveillance de la sensibilité des germes aux antibiotiques, la mobilisation effective des ressources financières nécessaires pour accélérer la mise en oeuvre de la SIMR et du RSI, l’implication des autres secteurs de développement dans la lutte contre les épidémies figurent parmi les principaux défis identifiés par le Dr Nkunku.
Recommandations de l’atelier technique HHA sur le choléra Afrique de l’Ouest et du centre
Renforcement des systèmes de santé nationaux et sous régionaux.
- Développer et soutenir les capacités locales de surveillance en matière de détection ainsi qu’améliorer le diagnostic du choléra par le soutien aux laboratoires et le pré-positionnement des tests de diagnostics rapides (TDR).
- Développer la recherche sur le choléra aux niveaux régional et sous-régional, en incluant spécifiquement le renforcement des capacités dans les pays de la région et les études d’impact.
- Prise en charge précoce et mobile dans les zones enclavées à travers des stratégies visant à renforcer les plans de préparation et de riposte (déblocage des fonds, pré-positionnement).
- Utiliser les nouvelles technologies comme les outils d’information géographique et ceux de la biologie moléculaires, et les avancées comme la vaccination ciblée en tant que partie intégrante des stratégies de réponse opérationnelle.
Coordination multisectorielle des différents acteurs
- Renforcer l’identification des zones à risques et des populations vulnérables au choléra (par des approches transdisciplinaires).
- Améliorer les stratégies multisectorielles de préparation et de réponse rapide, en s’appuyant sur les bonnes pratiques identifiées dans la région.
- Renforcer les stratégies de communication pour le développement (dans les plans de préparation et de réponse) en s’appuyant sur les données épidémiologiques et socio-anthropologique (groupes et zones à risque) ainsi que sur une combinaison de communication de masse et interpersonnelle.
- Utiliser les médias sociaux et les nouvelles technologies de l’information pour un meilleur partage des connaissances.
Aspects trans-frontaliers
- Développer la stratégie régionale d’élimination du choléra en Afrique de l’Ouest et du Centre.
- Encourager les accords bilatéraux et multilatéraux qui définissent les modalités de coopérations transfrontalières et mobiliser tous les acteurs sur cet objectif commun (OMS AFRO, HHA, UNICEF Bureau Régional).
- Prévoir la création de comités de pilotage multisectoriels et transfrontaliers pour implémenter des interventions intégrées durables dans les zones à haut risque pour le choléra.
- Renforcer la coordination pour le partage de données épidémiologiques de choléra à travers le bureau pays de l’OMS et dans les pays de la région en précisant les alertes transfrontalières.
Mécanismes de financement et leadership
- Soutenir un plaidoyer pour le financement à long terme en lien avec les acteurs de développement dans les zones à haut risque pour le choléra et obtenir l’engagement des bailleurs internationaux et des partenaires techniques et financiers d’intégrer la lutte contre le choléra dans leur stratégie d’appui au développement. Il est important que le partenariat HHA joue un rôle dans le financement, la coordination et le suivi de la mise en oeuvre des stratégies nationales et régionales.
- Obtenir un engagement fort des Gouvernements dans lutte contre le choléra en suivant les principes de la déclaration de Paris
- Considérer le choléra comme un indicateur de développement social de l’Afrique de l’Ouest et du Centre et l’intégrer comme tel dans les politiques nationales et internationales de développement.
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